François Truffaut disait “Tous les Français ont deux métiers : le leur et critique de cinéma”. “Séquence” c’est ça : le cinéma raconté par ceux qui ne font pas de cinéma. Musiciens, dessinateurs, psychiatres et ambassadeurs nous recommandent leur dernier coup de coeur cinématographique : en 3 minutes, ils nous parlent ce qui les ont ému, touché, fait rire ou réfléchir dans un film. "Séquence" c'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir des oeuvres sous un angle neuf mais aussi de dévoiler les personnalités de nos “critiques” d’un jour à travers leur vision du cinéma. Ce magazine est proposée aux salles de cinéma en programme d'avant-séance.
"Les Ogres" par Manu Katché
Manu Katché nous embarque dans la vie d'une troupe de théatre ambulant avec le film "Les Ogres" de Léa Fehner. C'est l'histoire d'une famille vibrante et excessive qui passe son temps sur les routes de France pour faire découvrir Tchekhov à des vacanciers en tongs. Entre engueulades, histoires de coeur et bataille de nourriture, on s'attache très vite à cette petite troupe dysfonctionnelle. Tout comme Manu Katché, on a envie de tailler la route avec eux et de faire partie de cette bande de clowns à la fois joyeuse et triste.
"Another Happy Day" par Nicolas Vial :
Nicolas Vial, peintre et dessinateur au Monde nous parle de “Another Happy Day” de Sam Levinson : un film à la fois drôle et attachant. Il s’interroge sur le parcours du héros du film : un adolescent drogué et cynique dans une famille “un peu branque”. L’humour des situations et des personnages n'empêche pas de le faire réfléchir sur les difficultés de l’adolescence et la complexité des rapports familiaux.
"17 filles" par Rosy Lamb :
La sculptrice, peintre et future maman Rosy Lamb a profité de sa critique de “17 filles” des Soeurs Coulin pour nous parler de son rapport à la maternité. Dans ce film, 17 lycéennes font le pacte de toutes tomber enceinte en même temps et d’élever ensemble leurs enfants. Contrairement à l’opinion générale, Rosa Lamb est plutôt admirative de ces jeunes filles qui décident de prendre leurs vies en main et de construire leur projet toutes ensembles. Un écho à sa propre peur de devenir mère alors qu’elle ne s’était jamais projetée dans ce rôle…
"Rives" par les Fileurs d’écoute :
L’association Fileur d’écoutes a été éblouie par la lumière de “Rives” d’Armel Hostiou. Cette association fait découvrir le cinéma à travers des lectures qui dévoilent les coulisses de la préparation des films : ils ont été touchés par les notes de scénario d’Armel Hostiou qui illustre sa démarche artistique, proche de celle de Georges Pérec. Son film chorale nous parle du quotidien de trois individus, à la fois seuls et pourtant liés les uns aux autres dans leur errance à travers la ville.
"Walk away Renée" par Yann Hodé :
Jonathan Caouette retrace le parcours de sa mère atteinte de troubles schyzo-affectifs dans son film “Walk away Renée” : un regard touchant et juste sur la maladie mentale qu’a beaucoup apprécié le psychiatre Yann Hodé. Changer le regard sur la maladie mentale, c’est le combat de ce professionnel qui veut faire comprendre qu'être malade mentalement ce n’est pas être fou. Le film est aussi un vibrant portrait d’une relation mère-fils, ou l’on voit le réalisateur tenter de sauver sa mère face aux embûches du système de santé américain.
"A Touch of Sin" par Nicolas Clausse :
L’artiste Nicolas Clausse nous emmène dans une grande plongée aux racines de la violence avec “A Touch of Sin” de Jia Zhangke. Ce film dépeint 4 personnages qui font appel aux meurtre pour guérir de leurs frustrations engendrées par une société oppressive. Mais est ce que cela rend pour autant leur violence légitime ? Toutes les figures d’autorité du film finissent par payer leurs abus par le prix du sang : un parti pris qui pousse Nicolas Clausse à se demander si une vraie révolution n’est pas pour demain.
"Les Amants Électriques" par Sir Alice :
Les Amants Électriques de Bill Plympton nous parle d’amour et ça tombe bien parce que les films d’amour, ça enchante la musicienne et chercheuse Sir Alice. Ce film en animation traditionnel nous raconte une histoire d’amour donc, mais sans aucun dialogue. Les personnages s’expriment par bruits et onomatopés : pour Sir Alice c’est une ode à l’universalité de l’amour. Ces amants électriques feront donc rire tout le monde, de la Grèce jusqu’en Chine !
"Ini Avan" par Osmund Bopearachchi et Michel Lummaux
Deux spécialistes du Sri Lanka analysent “Ini Avan” un film de Asoka Handagama. Ce réalisateur apporte sa vision personnelle au conflit qui a opposé les Tamouls au gouvernement sri-lankais pendant plus de 30 ans : une guerre qui a douloureusement meurtri le pays et fait de nombreuses victimes, notamment des enfants soldats. Le film est l’occasion d’en apprendre plus sur ce versant de l’histoire peu connu en Occident, à travers l’histoire d’un ancien soldat de retour dans son village natal, qui doit faire face à la fois au futur et à ses anciens démons.